Un retour aux sources qui était loin de ressembler à la cure de jouvence que décrivait La Firme dans ses spots publicitaires sur Terre.
« Pff !!!
C’était toujours mieux que l’incarcération sur la base lunaire de Néo-Alcatraz. Quand je repense à ces matons véreux, ceux qui prennent le plus plaisir à jouer de la matraque… ‘Rien de personnel, juste le boulot’, qu’y disent. N’empêche que cet éclat sadique dans leurs yeux, j’l’ai pas inventé, y vient pas des coups que j’ai pris sur la caboche.
Pas évidant d’être un petit escroc sans envergure quand la Terre recèle de politicars encore plus nuisibles. Forcément, j’dis pas ch’uis pas un saint, encore que… Mis à part avoir piqué dans la caisse, vider les comptes bancaires de quelques idiots bien trop confiants, j’ai pour ainsi dire pas de sang sur les mains. De tout façon, c’est pas mon truc ce genre de chose, le sang… ça tache, c’est moche, ça pue et en plus ça à le don de me faire tourner de l’œil.
Alors quand on m’a accusé d’avoir égorgé tout la famille du principal opposant au sénateur du coin pour leur piquer quelques crédits… Bien sûr que c’était pas plausible, mais qui aurait dit quoique soit, de tout façon parler c’est apprendre à se taire rapidement, ou avaler très vite son acte de naissance…
Quand je repense au comique qu’ils ont nommés comme commis, lui aussi il faisait ce qu’on lui disait… surtout pas de zèle. Alors avec mon casier, ça a pas duré bien longtemps… direction les travaux forcés sur la lune.
Mon transfert à bord de ‘L’Expiation’ se passait bien sauf qu’y a ce gras du bide qui m’est tombé dessus pour se défouler un peu. ‘Juste une mise en jambe’ disait-il, probablement que madame n’avait pas été d’accord hier… N’empêche que j’ai dégusté, j’ai pas chialé c’est déjà ça. Pour seul acte de résistance, j’ai observé les longues giclées de sang qui maculaient le mur, ensuite j’ai laissé venir.
Mon réveil dans l’infirmerie du rafiot m’a réservé d’autres surprises. Les chuintements pneumatiques en disaient long sur mon état. Pour sûr, l’autre y était pas allé de main mort, j’imagine qu’il a dû continuer la distribution pendant que j’étais dans le cirage…
‘Il est bien curarisé… La sédation est bonne ?
T’occupe.’
La douleur… Les enculés ! J’ai ce putain de truc en plastique enfoncé dans la gorge et merde, je peux plus bouger, je les entends. Non, la sédation est pas bonne du tout ! Ah la douleur, je crois que je vais creuver…
‘Ecoute je crois que t’a déconné tout à l’heure, on va avoir des emmerdes. Putain, tu sais que j’ai des gosses à faire bouffer !’
Quoi le lourdaud faisait aussi infirmier dans le bord ?
‘T’inquiète pas…Le prisonnier D45-XY-89414, n’est jamais monté à bord. On va juste balancer le caisson d’hibernation tel quel dans l’espace, quand on atteindra la face cachée (NDLR : ‘de la lune’). Comme ça ni-vu, ni-connu. Et puis qui c’est qui s’en cogne de ce qu’il est devenu l’autre raclure là ?’
…
…
…
Je sais pas combien de temps j’ai dérivé, j’ai cru devenir à moitié zinzin, coincé dans c’te tube, paralysé et même pas dans les vapes…
Ensuite, j’ai pas tout compris, mais il y a eu ces frottements métalliques puis on m’a réveillé. J’avais été repéré par un vaisseau qui faisait une des rares liaison entre la Terre et Mars…
Y m’ont demandés ce que je foutais là. Je leur ai répondu que j’en savais fichtre rien. Mais finalement ils s’en cognaient comme de leur première pucelle, trop content de livrer une recrue de plus à La Firme… Un grand coup sur le crâne et zou… retour dans un caisson d’hibernation. ‘Rien de personnel là non plus, juste le business.’
Et voilà comment on se retrouve seul sur Mars sans jamais avoir rien demandé. Alors oui, pendant un temps j’ai essayé de me faire oublier, juste histoire qu’un fugitif, bon gré, mal gré, comme moi ne se fasse pas pincer de nouveau par les autorités… Qui sait ce qu’ils réservent aux fuyards, d’autant que c’est pas un coin très tendre, alors si ça peut m’éviter de prendre des coups de matraque…
Enfin quelques journées de minage, c’était la meilleure méthode pour passer incognito, entrer dans le moule. Mais c’est pas trop les plages des caraïbes dans le coin, et faut dire que se chopper deux belles hypothermies en un temps record… et surtout le fait de devoir retourner dans ce caisson…
Merde ! Ch’uis un pied tendre moi ! J’en ai rien à foutre de ces histoires de BOSS, rouge, nécro et je sais pas trop encore quelle ineptie.
Je veux juste un peux de douceur, un vrai bon bain et une coupe de champagne à poil dans le lit d’un palace avec une créature de rêve. Bref ma vie d’avant, même si pour y arriver j’étais obligé de vivre de larcins.
Enfin, j’arriverais pas à faire grand chose tout seul dans mon coin… Ca fait quelques jours que je traine dans le bar, observant les autres mineurs… Leurs gestuelles, leurs expressions, leurs mimiques, les intonations qu’ils employaient… Ce coup-ci pas pour les escroqués, j’ai pas trop envi de me mettre un gros syndicat sur le dos, mais pour savoir, comprendre, connaître.
‘Le Collectif’, pour un individuel comme moi, ça n’devrait pas me faire de mal. J’ai besoin de poser un peu mon fardeau et de m’appuyer sur quelqu’un… »
Quittant sa douche, Maël d’Adélaïde se vautra dans le siège du poste de surveillance de son bunker. Son regard à l’éclat de l’acier se perdit dans le paysage martien balayé par des vents tempétueux…
« Demain… Je les contacterais… »
- Citation :
- Terraformeur Maël d’Adélaïde
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Zone
Sur Mars depuis 8 jours.
Boss du Collectif,
Veuillez recevoir ma présente candidature. Je suis nouvellement arrivé sur Mars et j’ai certes besoin d’un peu d’aide afin de m’adapter aux durs traitements martiens.
Je ne nourris aucune ambition particulière et ne connais pas le fonctionnement d’une organisation comme la votre pour n’y avoir jamais participé. Toutefois, soyez persuadé de mon soutien en retour pour les actions qui s’avèreront justes.
Je n’ai pas de grande spécialité à vanter, et suis néophyte à l’art de la creuse. Mes orientations à venir resteront donc à discuter en fonction des aspirations qui seront les nôtres au cours des prochains temps de notre coopération.
Je ne suis responsable d’aucun acte malveillant ou de provocation sur la planète rouge. Mes qualités principales sont ma civilité et une certaine neutralité dans les conflits qui agitent cette planète, qui j’espère seront à votre goût.
Je vous laisse juger de l’intérêt de ma demande et suis naturellement prêt à en discuter avec vous ou vos collaborateurs.
Cordialement,
Maël d’Adélaïde
Sam 16 Aoû - 16:44
